Un syndicat professionnel pour la construction modulaire
L’association qui représentait le secteur change de statut afin d’élargir son audience et défendre plus efficacement les intérêts de ses membres auprès des décideurs institutionnels et économiques.
Depuis 2004, les entreprises spécialisées dans la conception, l’assemblage, la vente ou la location modulaire avaient la possibilité de devenir membres de l’ACIM (Association des Constructions Industrialisées et Modulaires), un organe représentatif chargé de définir des normes communes (en termes de « qualité » notamment) et de promouvoir l’activité auprès de partenaires publics ou privés qui interviennent dans les politiques d’urbanisme, investissent le marché de la construction ou définissent les règles fiscales.
Cette « fédération » d’une trentaine d’entreprises (et plus de 3 000 emplois) avait jusqu’ici le statut d’une association (loi 1901) : à la suite d’une assemblée générale qui s’est tenue en décembre dernier, décision a été prise de faire évoluer l’entité en un « syndicat professionnel ». Ce nouveau régime doit permettre à l’instance d’élargir son périmètre à l’ensemble de la filière, un objectif que s’était d’ailleurs fixé le président de l’ex-ACIM Eric Aurenche lors de sa prise de fonction en 2018.
Accélérer les délais de livraisons
Longtemps cantonné aux métiers du BTP et des chantiers, le concept du bâtiment modulaire a progressivement gagné des parts de marché dans d’autres secteurs où, en phase avec de nouveaux impératifs budgétaires, il s’impose aujourd’hui comme une solution viable aux besoins croissants en ressources immobilières : le monde de l’éducation y a notamment recours pour compléter des locaux en durs devenus exigus ou trop coûteux à rénover. Afin de répondre, là aussi, à des problématiques de superficie ou de stockage, et parfois même à des situations d’urgence (consécutives à un sinistre par exemple survenu dans un bâtiment devenu inutilisable), le préfabriqué est utilisé dans l’industrie et les services et intègre le milieu de la santé où, dans les territoires les plus en tension, il apporte une réponse aux enjeux de la désertification médicale (voir notre article précédent sur le sujet).
En France, l’Etat commence à cerner le potentiel offert par le modulaire pour doper le marché de la construction, raccourcir le délai des chantiers, accélérer les prises de décision et accroître la productivité du secteur tout en réduisant son empreinte carbone : un rapport visant à moderniser l’offre et les procédures a été confié en 2019 à l’association Real Estech Europe qui rassemble des entrepreneurs de l’immobilier. Sa mission consiste notamment à proposer des pistes en vue de développer une véritable filière française de construction hors-site fondée sur la conception et la réalisation des principaux composants en usine, le chantier proprement dit se limitant ensuite à les assembler sur le terrain (cette notion de préfabrication est désormais clairement définie par la loi Elan, aux articles 65 et 67.)
« Valoriser » le hors-site et développer la collaboration entre les acteurs, c’est l’un des arguments qui a présidé à la transformation de l’ACIM en syndicat professionnel.